Mourir et renaître

Ivujivik, 4 février 2023

Plus rien. L’identité disparue. Le  » je  » anéanti par la perte de mes repères. La vie qui m’éclate en milliers de petits morceaux de miroirs me renvoyant le reflet d’autant de constructions accumulées. Agenouillé devant l’immensité de la beauté du territoire, assis au milieu de mon désastre, je n’ai plus que mon corps. Alors je pratique. Je pratique le sentir. Me sentir. Un membre à la fois. Pied, main, épaule, oreille, nez, jambe, bras, nuque, front, visage, bouche, poitrine, ventre et pubis. Puis tout le corps. Jusqu’à ce que, depuis mon cœur, jaillisse une rivière dorée. Qu’elle se répande tout naturellement en moi et dans chaque cellule de mon être. Puis le long de ma colonne vertébrale. Un chemin qui suit ma respiration profonde. Mes sens s’éveillent et avec eux la conscience et la reconnaissance d’un amour qui émane, comme un pulsar lumineux, sortant de ma poitrine, se diffusant autour de moi et revenant en moi, par le dessus de ma tête et mes pieds. Dans ce cycle en continu, j’envoie cette lumière qui me réchauffe et me réconforte et elle me revient encore plus riche, plus douce et scintillante de vie.

 » Ne vous éloignez pas de la sensation, précisa-t-il, sentez votre corps quoi que vous fassiez.. gardez toujours une partie de votre corps éveillée par la sensation, que ce soit la main ou le pied. Elle va être votre ancre, une ancre qui vous permet d’être présent à vous-même et de ne pas flotter dans l’air..  » (Ansa, p.141)

C’est à travers cette perception que je n’ai plus rien, que j’ai n’ai nul part où habiter, que j’ai n’ai pas de racines ni de refuge, plus aucune identité, qu’émerge en moi cette évidence du retour. Ou plutôt ce lâcher prise par la force des choses. Comme au moment de l’évidence de la mort qui est là, toute proche. Je meurs à moi-même. Dans cette mort, ne reste plus que le retour à la pratique de la plongée profonde dans mon corps. Entouré d’eau et de silence, j’écoute. Ma vie me répond à chaque respiration :  » Tu n’es pas encore mort « . Apparaissent alors des visages souriants, des gens qui m’entourent. Mon amoureuse et son regard lumineux. Ohh que je t’aime belle femme extraordinaire ! Puis mes enfants, mes ami.es, les gens que je rencontre ici, là-bas. Ohh comme c’est riche !!


2 réponses à “Mourir et renaître”

  1. Mon amour, je te souhaite de toujours rester ancré en toi et tes sens dans ton passage en tant qu’humain. La précieuse vie humaine est un trésor d’amour inépuisable lorsqu’on la trouve en soi car elle nous relie à l’Amour divin. Dans cet immensité…Je suis toujours là avec toi. Je t’aime mon beau poète en quête de sens.😘 XX

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